Titre indépendant développé par Bloober team SA et édité le 16 février 2016 par Aspyr, Layers of fear est un jeu solo à la première personne, à ambiance d’horreur psychédélique. Il est disponible sur Steam, ps4, xbox one et sur switch depuis le 21 février 2018. Vous êtes dans la peau d’un peintre fou qui parcourt de fond en comble son manoir victorien et qui doit trouver comment terminer sa toile.
Layers of Fear, des décors victoriens du XIX e siècle avec une esthétique graphique soignée
L’époque victorienne (1837-1901) est reconnue pour ses aspects gothiques et néogothiques revisités. Les influences éclectiques sont issues du Moyen Orient et de l’Asie. Les murs et les plafonds sont souvent en plâtre avec des finitions boisées, pour donner un effet marbré ou de « pierre » sur les côtés. Les plafonds étaient plus ou moins élevés vacillant entre deux et quatre mètres. Pour le mobilier, les décorateurs de l’époque ont fait appel à certains styles déjà existants, comme le gothique, rococo, élisabéthain*1 ou encore néoclassique *2.
- 1 : genre décoratif associé au règne d’Elisabeth 1er (1558-1603)
- 2 : période stylistique qui apparaît vers 1750 à l’époque des Lumières
La tapisserie est souvent ornée de motifs à fleurs avec des tons primaires à l’arrière-plan, puis recouvert de variantes crème et hâlé. William Morris, un célèbre designer de papier peint durant la seconde partie de la période victorienne s’est inspiré très largement de broderies médiévales et gothique pour réaliser ses créations. Le jeu rajoute à l’environnement, des portraits classiques afin de permettre une immersion mesurée à la narration accompagnée par la remarquable bande sonore signée Arkadiusz Reikowski.
De nombreux clins d’œil à la littérature anglaise comme le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, jusque-là rien de surprenant : ce roman a été publié en 1890 et aborde des thèmes comme l’Art, la jeunesse et l’hédonisme. Basil Hallward, un peintre reconnu se prend de fascination pour Lord Henry, un gamin fauché sans famille. Il finira par peindre son portrait et l’offrira à Henry. Seulement ce dernier, curieux et jaloux de son propre reflet, cachera plus tard l’œuvre dans son grenier.
Un crescendo psychologique, jeu d’aventure ou jeu d’horreur ?
Les références à la jeunesse sont récurrentes. De manière sonore comme visuelle, on entend dans les échos dans les souvenirs du peintre, une voix d’enfant qui appelle son père. Les poupées sont également beaucoup utilisées comme moyen de transparaître une peur digne d’un puppet master. La pièce maîtresse n’est sans aucun doute la chambre de la fillette (on suppose que c’est une fille) où de multiples scènes étranges se déroulent, les jouets se mettent à bouger comme dans un élan de pinceau.
Chaque chapitre va un pas plus loin dans la conception de la toile. Pour pouvoir passer certains endroits subitement fermés, il vous faudra soit résoudre une énigme, soit trouver un objet qui rappelle un souvenir au protagoniste ou encore subir de plein fouet les visions cauchemardesques émises par les rouages d’un cerveau malade.
L’entremêlement entre réalité présente, hallucinations et souvenirs passés sont flous. Le dosage de la psychose a une mécanique particulière dû notamment au changement de décors liés aux mouvements de la caméra mais aussi aux actions du personnage. Chaque action requiert une simulation : ouvrir une porte, ouvrir un tiroir…etc. Il n’y a pas d’inventaire, les objets s’affichent au moment voulu pour leur utilisation. Ce qui renforce davantage l’effet du spectateur/joueur à entrer dans le scénario décadent.
PS : il est bon de savoir que le jeu a reçu différentes récompenses dont le Gamer’s Voice Nominee – SXSW 2016,
le Best Gameplay Nominee – Game Access 2016, le Game Village Nominee – GameDev Days Talinn 2016 et l’Indie Prize Nominee – Casual Connect Tel Aviv 2015.
Conclusion sur la toile
Pour un opus Indie, Layers of Fear se veut exigent dans la norme visuelle, très travaillé. Tant sur la trame scénaristique que sur la bande sonore et vocale. La mesure horrifique grimpe sur une « échelle psychologique », et tout l’environnement (décors, musique) se calque sur le rythme d’un passé illustré et d’un présent indécis. Dommage qu’il manque l’ingrédient de la mort, la pression des sauvegardes et enfin que la durée de vie du jeu qui ne dure que quatre heures grand maximum.