La foi lovecraftienne est tentaculaire. The Sinking City ou encore Call of Cthulhu marquent nettement cette tendance à aller fouiner du côté des dieux anciens. R’yleh est-il en train de s’ouvrir ? Bienvenue dans les synapses de Cthulhu. Contrairement à son concurrent, The Sinking City est un TPS.
Pour faire bref, l’opus a été développé par Frogwares et édité par Cyanide Studios le 27 juin 2019 sur L’Epic Games Store, Playstation 4 et Xbox One ; plus tard sur Steam le 28 février 2021. Retour sur cette œuvre inspirée du grand Lovecraft avec la participation de @zephyr
Une peur viscérale
Courant 1920, Charles Reed est allongé sur son canapé et son double astral ne cesse de lui montrer les mêmes voyages. « Je suis noyé », se dit-il. Est-il mort ? Est-il auprès de cette créature abyssale mystérieuse, dans le temple de R’yleh ? Enfermé depuis l’aube des temps dans sa prison sous-marine, Cthulhu dort.
Est-il sur le point de se réveiller ? Il se dit instinctivement que le si le dieu a sommeillé durant des millénaires, il aura sacrément faim en ouvrant les yeux ! C’est pourquoi Charles transpire à chaque aurore. De l’eau, toujours de l’eau. De la source à la force des océans, finalement il n’est qu’une goutte de pluie. Comment peut-on se sentir sec à Oakmont ?
Rêves dans la cité de R’yleh
1922 n’est pas une date anodine puisqu’il s’agit du moment où Lovecraft a connu le succès. En outre, il ne faut pas oublier qu’il s’inspirait sur les théories scientifiques de son temps car il fut un écrivain avant-tout contemporain. Selon les écrits de ce maître de l’horreur, celui qui fait face au dieu ancien devient fou instantanément. Cthulhu a été enfermé par des magiciens puissants il y a des milliers d’années et vit de marbre, dans les profondeurs. Par ailleurs la célèbre citation de Lovecraft même : « n’est pas mort ce qui à jamais dort » est une référence directe à Cthulhu qui dans son coma abyssal, attend son retour.
R’yleh est en réalité une cité sous-marine ancestrale dont l’architecture a toutes les allures d’un labyrinthe, de manière à désorienter ses visiteurs. En outre, les murs ornementés d’écritures cunéiformes sont étrangères à tous. Cependant seuls les adeptes du dieu peuvent le réveiller afin d’assurer son règne. Entre théories scientifiques sur les dimensions et occultisme, voici H.P. Lovecraft tel qu’on le lit.
Oakmont, ville imaginaire
Oakmont appartient par ailleurs à ce type de paysage maussade et pluvieux. Décomposée en quartiers, populaires ou riches, votre présence se fera fortement ressentir sur les quais. En effet, votre unique moyen de locomotion est une barque armée d’un moteur à vapeur. La ville vous rendra familier si vous êtes déjà allé à Londres dans certains districts. Vous n’êtes pas dans R’yleh, ouvrez les yeux … pourtant ce sera à vous de faire la différence ! Ce concept d’horreur psychologique est déjà très largement exploité depuis le milieu des années 1990 et l’apogée des jeux horrifiques sur playstation.
En complément à ce qui est précédemment explicité, cette mode est davantage un bon filon pour les gros studios ; même si ce dernier est exploité par les studios indépendants depuis fort longtemps avec par exemple le succès flagrant de Frictional Games, Amnesia the Dak Descent. De plus, Sinking City dégouline de cette ambiance brumeuse et mélancolique à la fois.
Charles Reed et son quotidien
La santé mentale du protagoniste est déjà très déséquilibrée au début de votre partie. Doté d’un sixième sens, Charles Reed est capable de revivre des souvenirs : cela ne vous rappelle rien ? Call of Cthulhu bien sûr ! Passons. Vous pouvez librement explorer la cité à pieds ou en bateau. Étant un TPS, vous disposerez d’un panel d’armes de poing intéressant. Côté enquête et immersion scénaristique, la narration est cryptique. Oakmont est la transposition de R’yleh et est donc, vous l’aurez compris, un dédale.
Notre tâche est donc réduite à une simple routine. Accepter la mission, se rendre à l’endroit indiqué, trouver tous les indices, découvrir un nouvel endroit et repartir à zéro. Au début, le système semble bien pensé. Les indicateurs de quête ne se positionnent pas automatiquement sur la carte. En effet, vous devez rechercher le nom de la rue à atteindre par vous-même. A cela s’additionne les recherches dans les différentes archives dispersées dans la ville. Mais une fois que vous aurez rassemblé les indices sur une scène, vous devez reconstituer ce qui s’est passé. C’est à dire rassembler les idées pour élaborer une sorte de tableau conceptuel. En bref, un gameplay qui aurait tous les atouts pour être innovant et amusant, mais qui se perd finalement dans un tourbillon d’eau.
Cela dit, le joueur se voit récompensé par une quantité suffisante de matériel de fabrication. Les monstres sont intéressants, mais peu variés. Cependant, les quêtes secondaires facultatives offrent certaines alternatives intéressantes que vous ne verrez pas dans la quête principale. Il y a aussi une absence notable de combats de boss ce qui est vraiment dommage. Ajoutez à cela des bugs et des temps de chargements, vous vous retrouvez donc avec un récit qui perd de sa capacité à garder le joueur en haleine.
Conclusion perdue
The Sinking City aurait pu être succès. Mais cet aspect est rapidement noyé par ses multiples défauts. La structure du monde ouvert est-elle suffisante pour raconter une histoire à la Lovecraft ? Absolument, mais dans ce cas, le problème est simplement technique : un budget trop bas ne permet pas de développer un bon monde ouvert, quelles que soient les circonstances ! On a une introduction d’idées novatrices et ambitieuses mais qui, malheureusement, ne sont pas assez poussées.
The Sinking City, son mystère et ses mécaniques de jeu, finissent inondés. Le jeu est lent, avec des combats inintéressants, totalement inutiles. Dans l’ensemble, donc, The Sinking City est un roman policier bien écrit, solide et passionnant, avec des mécanismes d’enquête bon, sans être excellents. Dans un monde qui plaira à coup sûr aux fans des efforts précédents de Lovecraft et des jeux d’enquête en général. Si vous pouvez ignorer les défaillances techniques et vous impliquer dans l’histoire, alors n’hésitez pas, sinon, passez votre chemin.
[review_summary reader_ratings= »true » positives= »Une aventure lovecraftienne intrigante et bien écrite
Solide jeu d’acteurs
Bonne immersion
Les éléments d’enquête s’appuient sur ceux des jeux Sherlock » negatives= »Moteur graphique inadapté pour 2021
Environnement manque de diversification
PNJs sans vie
Le combat laisse à désirer
Manque de mystère et de peur
Enquête trop simple » title= » » summary= » »][rating title= »Graphismes » value= »7″]
[rating title= »Contenu » value= »6″]
[rating title= »Difficulté » value= »4″]
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[rating title= »Note Globale » value= »6″][/review_summary]